jeudi 30 avril 2020

La nouvelle version de Spinosaure (La publi dans Nature et articles National geographic) ou l'ornithorynque du crétacé.





La publi dans Nature:



Vous voulez le voir nager sous l'eau ?










Mais attention... comme nous le dit Julien de "Foss'il vous plait" dans un post Facebook:

"On voit pleuvoir de la queue de spinosaure aquatique sur tout l'internet de la paléontologie. Une révolution pour certains (voir tout les articles divers et variés) et arnaque pour d'autres (mais tout cela se fait avec une étonnante courtoisie dans le milieu de la paléontologie ).
Je m'explique: pour les détracteurs, le spécimen qui "démontre" que le spinosaure est quadrupède est un composite dont la plupart des parties trouvées appartiennent à un adulte mais dont les pattes sont celles d'un juvénile. En outre, cela pause un vrai problème de locomotion puisque qu'avec ses griffes il faut qu'il marche sur les poignets. Il n'a pas du tout les membres avant adaptés pour cela (il s'abîmerait vite les coudes !) . Quand on remet le fémur à l’échelle on se retrouve avec un animal bipède...
Maintenant (ce que je fais rarement et vous en ferez ce que vous voulez) je vais donner mon avis. 
Je pense qu'il faut effectivement prendre des pincettes avec l'étude du spino et faire très attention à ne pas trop le "chimèriser" (poTHo 3), attendre que l'ont ait plus de données. Rappelons-nous que cela fait moins de 5 ans qu'on s'est apperçu qu'une vertèbre du squelette de lucy appartenait à un babouin fossile et que les composites sont légion en paléontologie. 
Le spino est une star chez les dinos et donc tous s'emballe très vite... même trop vite. j'ai l'impression qu'il va devenir totalement aquatique façon "chausse pied" en ne se penchant pas sur les arguments qui contredisent cette hypothèse. 
Le registre fossile des spinosauridae est peu fourni, attendons d'avoir plus de données avant d'en faire nos choux gras dans les médias.
Je rajouterais une chose: les animaux à "sang chaud" qui vivent dans l'eau ont une importante couche de graisse (baleine, hippo, mosasaure, icthyosaure...) je prédis que le prochain spino sera bien dodu afin de "démontrer" encore une fois qu'il est aquatique."





"Petit carnet paléo" se joint à cette réflexion.



Ci dessous quelques croquis rigolos réalisés par ma pomme sur le terrain de Ban Kalum où nous avons exhumé une partie du squelette d'Ichthyovenator laosensis. Beaucoup de discussions au labo de savannakhet autour des fossiles de notre spinosauridé asiatique et de la publication (2014) de Paul Sereno sur Spinosaurus aegyptiacus tentant de nous prouver déjà à l'époque que sa reconstitution devait changer et qu'il devait être plus aquatique encore que ce qui avait été perçu auparavant.






VIDEO de Paul SERENO (2014):












mardi 28 avril 2020

Cadavres exquis des profondeurs.




« Les requins [...] grouillaient en essaim vorace autour du cadavre, comme des abeilles dans une ruche. »

Herman Melville


Moby Dick (1851)







Illustration d’un article de Bruno Corbara (éthologue et écologue), université Blaise Pascal/CNRS et Jean-Sebastien Steyer (Paléontologue) CNRS/MNHN/UPMC pour la revue d'histoire naturelle Espèces (N°15 – Mars à mai 2015)







Commande:
Un squelette de baleine de l’oligocène final (environ -30Ma) couvert de « vers zombies » similaires aux Osedax contemporains, bien visibles sur les vertèbres. Des petits requins s’activent à la surface du squelette et « broutent » des Osedax.






Osedax (Grégory W. Rouse, Shana K. Goffredi et Robert C. Vrijenhoek , 2004) est un genre d’annélide nécrophage découvert fin des années 90.






Osedax veut dire « mangeur d’os » en latin et, effet, ces petits vers creusent les os des carcasses de baleines pour se repaitre des lipides qu’ils contiennent encore. Ils arborent des petites « plumes » rougeâtres qui sont en fait des branchies.






Il en existe aujourd’hui une trentaine d’espèces différentes répertoriées.






Extrait de la publication originale :

[DOI 10.1111/let.12108 © 2014 Lethaia Foundation. Published by John Wiley & Sons Ltd]

 Trace fossil evidence of predation upon bone-eating worms

on a baleen whale skeleton from the Oligocene of New
Zealand
 ROBERT W. BOESSENECKER AND R. EWAN FORDYCE

Boessenecker, R.W. & Fordyce, R.E. 2014: Trace fossil evidence of predation upon bone-eating worms on a baleen whale skeleton from the Oligocene of New Zealand.
Lethaia, DOI. 10.1111/let.12108.

The osteophagous worm Osedax (Annelida: Siboglinidae) colonizes vertebrate bones in deep-sea environments globally. Osedax bioerosion of modern bones suggests a potentially destructive agent in the marine vertebrate fossil record, but the dearth of published reports of abundant Osedax traces suggests an uncertain taphonomic influence of this organism. This study reports Osedax traces (Osspecus boreholes, pockmarks and collapsed galleries) in an Oligocene baleen whale (Cetacea: Eomysticetidae) from New Zealand, which constitute the first record of fossil Osedax traces from the southern hemisphere. Some Osedax traces are cross-cut by linear biogenic scrape marks, implying that sharks or bony fish fed upon Osedax worms, a process which compounds or potentially accelerates worm-inflicted damage to vertebrate bones in marine environments. Eomysticetidae, ichnology, Mysticeti, New Zealand, Oligocene, Osedax, taphonomy. 

VIDEO: